Le Magazine de l'Auto Ancienne

L’Asüna Sunfire 1993

Àl’origine de la marque Asüna se trouve une autre marque disparue et à l’existence éphémère elle aussi : la Passport. Celle-ci fut créée par le groupe américain General Motors afin de distribuer au Canada, la Daewoo LeMans (laquelle n’était en réalité qu’une Opel Kadett produite en Corée du Sud). En 1988, GM décida toutefois de changer sa stratégie pour le marché canadien et, après la dissolution de la marque Passport (apparue en 1987 et supprimée à peine quatre ans plus tard en 1991), de mettre à l’étude le lancement d’une nouvelle marque sous laquelle seraient vendus, toujours dans ce seul et même pays, plusieurs modèles produits par les constructeurs japonais et coréens, dont General Motors était actionnaire ou avec lesquels le groupe avait noué des partenariats.

En 1992, la marque Geo, créée trois ans plus tôt et sous laquelle furent vendus des modèles provenant des gammes des constructeurs Suzuki, Isuzu et Toyota (certains étant d’ailleurs produits sous licence par General Motors sur le sol américain), fut lancée sur le marché canadien. Jusqu’ici, les différentes filiales américaines de General Motors y étaient alors regroupées en deux identités distinctes : Cadillac, Chevrolet et Oldsmobile pour la première et Pontiac, Buick et GMC pour la seconde.

En ce début des années 1990, dans l’objectif de s’assurer de parvenir à barrer la route au «péril jaune» – ainsi que fût surnommé par certaines figures politiques et un certain nombre de constructeurs européens, l’arrivée massive des voitures japonaises sur le Vieux Continent – le groupe GM lança la nouvelle marque Saturn, dont les modèles compacts se caractérisaient par un dessin qui se voulait original et futuriste. Celle-ci se voyant intégré à un troisième et nouveau réseau qui, outre Saturn, intégrera également le constructeur suédois Saab qui venait, lui aussi, d’être racheté par General Motors, ainsi que la marque japonaise Isuzu.

Du fait que jusqu’à présent les modèles recevant l’emblème Geo étaient vendus par le réseau Chevrolet – Cadillac – Oldsmobile, cela eut, entre autres, pour conséquence de susciter la jalousie du second et autre grand regroupement des concessionnaires de la filiale canadienne de GM (le réseau Pontiac – Buick – GMC). Ils demandèrent donc à leur tour aux responsables de GM Canada et à la direction de la maison-mère à Detroit de pouvoir, eux aussi, bénéficier d’une nouvelle division équivalente à celle de Geo.

Manifestement, il n’a sans doute pas traversé dans l’esprit d’aucun des différents protagonistes de cette histoire, l’idée que trois marques occupant le (ou les) même(s) segment(s) du marché et qui, en outre, appartenaient au même groupe

auraient, inévitablement pour effet, tôt ou tard, de provoquer un sérieux problème de concurrence interne. Sans compter, là aussi, de manière sans doute aussi prévisible qu’inévitable, que le client potentiel risquait fort de s’y perdre et de ne plus savoir quel modèle (et donc quelle marque) choisir.

Après la disparition de Passport, la Daewoo Le Mans / Opel Kadett sera vendue au Canada sous le nom d’Asüna GT/SE. Le nom de Le Mans étant abandonné sur ce marché, le modèle en question se contentant désormais d’être désigné par ses seules dénominations de finition. Sous la nouvelle marque Asüna, elle n’y connaîtra toutefois qu’une carrière fort éphémère et même « météorique », puisqu’il ne s’écoulera que le temps d’un seul millésime (1993), avant que GM décide d’en arrêter la production.

Indépendamment de sa faible durée de vie, si la gamme de la marque Geo fut toujours assez réduite avec seulement cinq modèles en tout, celle d’Asüna le sera plus encore. Outre la Le Mans mentionnée plus haut, les deux seuls autres modèles qui seront commercialisés sous ce nom seront le Sunrunner (version rebadgée du Suzuki Escudo/Vitara) et le coupé Sunfire. Celui-ci étant d’ailleurs également dépourvu d’identité spécifique, puisqu’il était, à l’origine, produit au Japon par Isuzu sous le nom de Piazza (rebaptisé Impulse sur le marché américain).

Quelle saga ! Vous nous suivez toujours ?

Le nom italien de la version originelle venait du fait que le dessin de sa carrosserie était dû au célèbre styliste italien Giorgetto Giugiaro, dont la devancière de la Piazza, le coupé 117, avait également été dessinée par ce dernier. Pour la conception de ce modèle, le constructeur japonais fit livrer plusieurs exemplaires de la Chevrolet Chevette Série T produite par General Motors en Amérique du Sud, au studio ItalDesign (fondé et dirigé par Giugiaro) en Italie. Ce dernier ayant quasiment reçu carte blanche pour la création des lignes de la voiture, celui-ci créera un coupé de style fastback à hayon, avec un capot plongeant à l’avant, doté d’une ligne assez anguleuse, dont le prototype, baptisé « Asso di Fiori » sera dévoilé au salon de l’automobile de Tokyo en 1979.

Celui-ci y recevra des critiques élogieuses, aussi bien du public que de la part de la presse automobile, à tel point que deux jours à peine après sa présentation, la direction d’Isuzu prendra la décision de le commercialiser. Au vu des critiques largement positives, le prototype en question ne recevra que des modifications assez mineures (en tout cas s’agissant du dessin de la carrosserie). Commercialisé à partir de septembre 1980, il sera également distribué aux ÉtatsUnis à partir de 1983.

Même si elle était considérée au Japon comme un modèle à vocation à la fois familiale et populaire (étant d’ailleurs souvent considérée et présentée par son constructeur comme une berline à trois portes, plus que comme un coupé), sur le marché américain, l’Isuzu Impulse sera vendue sans option. Tous les équipements qui, sur le marché japonais, n’étaient disponibles qu’en option seront, ainsi, inclus de série sur la version vendue aux États-Unis. Concernant la motorisation, elle ne fut disponible (toujours sur le marché américain) qu’avec un quatre cylindres atmosphérique de deux litres et 90 cv, lequel sera épaulé à partir de l’année modèle 1985 par un moteur turbo (toujours d’une cylindrée de 2 l) développant 140 cv.

En 1988, le coupé Impulse recevra plusieurs modifications extérieures, avec, entre autres, un aileron arrière de plus grande taille au bas de la lunette arrière, ainsi qu’un nouveau capot dépourvu des « paupières » escamotables qui équipaient les modèles précédents (lesquelles avaient été conçues afin, une fois relevées, d’augmenter le champ d’éclairage des phares). Le moteur 2 l de base étant, quant à lui, remplacé par une nouvelle version portée à 2,3 litres et délivrant 110 cv (une motorisation spécifique au marché nord-américain). Parmi les autres changements à signaler figure le montage d’une nouvelle suspension conçue par le constructeur britannique Lotus, alors propriété de General Motors, comportant des barres stabilisatrices redessinées, ainsi que des amortisseurs plus rigides, visant à améliorer la tenue de route et le confort des occupants.

ÉDITO

fr-ca

2024-01-01T08:00:00.0000000Z

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